Augmentation de la taxe à l’immatriculation : les élus opposés

Les particuliers de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) verront leur taxe sur l’immatriculation tripler au 1er janvier prochain pour atteindre 150 $. Une décision que contestent à l’unisson les élus de Chambly, de Saint-Mathias, de Carignan et de Richelieu.

À peine évoquée et déjà adoptée. L’augmentation de la taxe sur l’immatriculation des voitures de promenade figurait parmi les solutions avancées pour financer le déficit du transport en commun dans la CMM. En quelques semaines, la CMM a validé une augmentation de 150 % qui sera mise en œuvre le 1er janvier prochain.

« C’est dans notre secteur que se trouvent le plus grand nombre d’automobiles. » – Sylvain Casavant

« Je l’avais vu venir, soupire Alexandra Labbé, mairesse de Chambly, quant à la rapidité de la mise en place de cette décision. Les grandes villes telles que Montréal ou Laval sont favorables à cette mesure. À l’inverse, la couronne, qui est contre, représente 8 votes sur un total de 28, on ne fait pas le poids. »

Ainsi, la facture du déficit du transport en commun est confiée aux automobilistes. Un état de fait qui déplaît fortement à Sylvain Casavant, maire de Saint-Mathias. « Je ressens beaucoup de déception et un peu de colère. Je siège à la table des préfets et élus de la Couronne-Sud et nous nous étions positionnés contre cette proposition. La principale raison est que nos citoyens sont fortement impactés sans que le service ne soit augmenté. »

Des solutions proposées

À Richelieu aussi, le maire, Claude Gauthier, s’est prononcé farouchement contre la décision de la CMM.

« L’ensemble des options avec les gouvernements supérieurs n’a pas été exploré et un cadre financier n’a pas été convenu. Nous demandons donc au conseil d’administration de la CMM qu’à défaut de procéder à l’adoption d’une nouvelle politique, que la CMM prévoie un mécanisme d’accompagnement et d’arbitrage afin d’accompagner les cinq secteurs dans la négociation de la nouvelle politique de financement et que la dérogation de la politique soit maintenue jusqu’à ce qu’un consensus soit atteint. »

Carignan suit la même ligne que ses congénères et le conseil municipal demande des ajustements lors d’une nouvelle politique de financement, qu’il réclame. « Il faut considérer l’offre de services disponibles pour chaque secteur/ville afin d’éviter de faire payer des secteurs/villes pour des services qu’ils n’ont pas sur leur territoire. »

La raison principale du courroux des élus de la Rive-Sud est la conséquence de la taxation sur les automobilistes. « C’est dans notre secteur que se trouvent le plus grand nombre d’automobiles, approfondit Sylvain Casavant. Ainsi, c’est notre région qui paie davantage la facture. La Couronne-Sud représente 40 villes mais ne fait pas le poids contre Montréal ainsi que les agglomérations de Longueuil et de Laval, qui possèdent essentiellement le métro. C’est pourquoi ces territoires comptent moins de voitures et feront des économies. »

Les élus sont unanimes et veulent une révocation de la décision. « Nous avons même proposé des solutions, poursuit le maire de Saint-Mathias. La taxe sur l’essence ou bien même une partie du Fonds vert, puisque le but est de limiter le nombre de voitures en solo sur la route. Il est encore possible d’effectuer des montages financiers un peu plus recherchés. »

Discuter avec le Ministère

Pour aller de l’avant, Alexandra Labbé souhaite parler à nouveau avec les ministres québécois pour trouver un consensus. « Je trouve ça plate que l’on se parle par médias interposés avec des jeux de mots tels que la fougère alors que l’on devrait discuter. » L’invitation est-elle donc envoyée à Geneviève Guilbault, ministre des Transports et de la Mobilité durable? « Je suis prête à travailler, poursuit l’élue chamblyenne. Mais on manque de partenaires autour de la table pour le moment. »

Selon la CMM, l’augmentation de la taxe sur l’immatriculation permettra de renflouer un déficit de 361 millions $ en 2025, si l’aide du ministère des Transports n’évolue pas par rapport aux 200 millions $ annoncés.