Aménagement de l’ancien terrain de golf : Une page blanche
La Ville de Chambly a annoncé avoir racheté 70 % de l’ancien terrain de golf pour réorganiser ce secteur du district du Bassin. Les citoyens auront leur mot à dire durant un processus à la durée encore inconnue.
Chambly a racheté 70 % des 2,8 millions de pieds carrés du terrain de l’ancien golf. Les élus ont tenu à organiser, lundi dernier, une séance extraordinaire du conseil municipal à la salle Albani pour l’annoncer à la population. À la toute fin de la dernière assemblée municipale, une semaine auparavant, Jean-Philippe Thibault avait invité les personnes intéressées. De son côté, la mairesse, Alexandra Labbé, a utilisé les réseaux sociaux pour prévenir les citoyens.
« L’aménagement de cet espace doit répondre à plusieurs enjeux liés à la conservation des milieux naturels, à la circulation et à la crise du logement. » – Alexandra Labbé
Une méthode de communication qui a interrogé plusieurs curieux. « On a prévenu publiquement dès que l’on a pu le faire, assure-t-elle. Ce n’est pas une assemblée de consultation publique, mais une assemblée extraordinaire. On a fait ce choix de passer par les réseaux sociaux. Et avec le nombre de personnes que je vois dans la salle ce soir, je pense que le message s’est bien rendu. »
L’achat représente un investissement de 6 millions $ dans une entente tripartite avec un autre promoteur, le groupe André-Pépin, ayant déjà œuvré à Chambly pour des condos et acquéreur des 30 % restants.
« C’est la contrepartie de notre achat, précise Alexandra Labbé. Nous allons préserver les milieux naturels de cet espace et y insérer un parc pour enfants. De son côté, le promoteur pourra construire 500 portes sur sa partie de terrain comprenant des locaux à usages commerciaux. » Au milieu de tout cela, la rue Bourgogne devrait être prolongée afin de désengorger la circulation dans le quartier.
L’avis des citoyens
Lors de son annonce, la Ville de Chambly a rapidement embrayé en soulignant que les citoyens seront largement concertés afin d’aménager l’espace. Pour le moment, rien ne serait coulé dans le béton, même le lieu des futures habitations ne serait pas encore déterminé. « Ce soir, on se donne les grandes lignes pour savoir où l’on va, ajoute Alexandra Labbé. L’aménagement de cet espace doit répondre à plusieurs enjeux liés à la conservation des milieux naturels, à la circulation et à la crise du logement. »
Pour financer l’opération, la mairesse a actionné plusieurs leviers pour alléger la note au maximum. « Entre 40 % et 60 % du coût total seront payés par des subventions, explique-t-elle. Le projet de développement résidentiel engendrera des retombées financières totalisant 5 millions $ à la municipalité, qui les injectera dans des projets municipaux structurants. »
Si le projet semble emballer la majorité de la cinquantaine de personnes présentes, il s’est heurté à son point faible : le temps. « On en est au début du processus et il reste beaucoup d’étapes, poursuit la mairesse. Nous n’avons pas de date possible à annoncer encore concernant sa réalisation. » Entre les discussions avec les citoyens, les délivrances des permis de construction ou encore l’aval du ministère des Transports, la population devra faire preuve de patience.
Or, durant l’assemblée, une résidente a confié au micro être à bout. « Je vis depuis 28 ans sur la rue Martel dans une maison ancestrale. Elle tremble de plus en plus à cause du trafic dense. Je me rends compte que la résolution des problèmes liés à la circulation est loin dans l’agenda. Je suis rendue à une période où je m’interroge si je dois vendre ma maison. Je trouve cela très triste, car c’était un coin où il faisait bon vivre. Mais c’est désormais rendu insupportable. Ma maison subit des dommages et la rue, qui devait être patrimoniale, est rendue un boulevard. » Interrogé, Michel Casgrain, lui aussi résident du quartier, semblait navré. « Il n’y aura pas de feu rouge sur la rue Daigneault. » Enfin, un autre Chamblyen sortait déçu de la réunion. « Je n’y crois pas. Ajouter 500 maisons en plus sur une superficie aussi petite va amener plus de trafic, voire le doubler. De plus, je ne crois pas qu’un promoteur investirait autant d’argent sans savoir où seront situées ses constructions. Je songe à déménager. »
Priorité à la circulation
Alexandra Labbé a tenu tout de même à rassurer tout le monde. « Aucun bâtiment ne sera construit tant que les problèmes de circulation ne seront pas réglés. Mais malheureusement, je n’ai pas de baguette magique pour aller plus vite. » Les conseillers municipaux ont aussi tenu à mettre en valeur le plan d’action. « Nous allons implanter des services au citoyen qui sont inexistants dans ce coin de Chambly, souligne Jean-Philippe Thibault, élu du district du Bassin. La piste cyclable, qui ne va nulle part, sera enfin reliée au réseau et un parc sera enfin accessible. »
La population sera rapidement invitée à émettre ses idées, préoccupations et états d’âme lors de prochaines réunions de concertation.