Aide médicale à mourir

Patrick Bezeau, organisateur des pizzathons au camping Domaine du Rêve, situé à Sainte-Angèle-de-Monnoir, côtoie l’Alzheimer depuis plus de cinq.

« C’était une femme forte, agente d’immeubles, entrepreneure, allumée », décrit Patrick Bezeau en parlant de sa mère atteinte de l’Alzheimer. Toutefois, c’est une autre humaine qu’il a désormais sous les yeux. Placée dans un Centre d’hébergement de soins de longue durée (CHSLD) depuis l’an passé, elle n’est plus autonome. Le deuil que fait M. Bezeau de sa mère est progressif. « C’est ce qu’il y a de plus bouleversant », émet-il.

Premiers signes inquiétants

Il n’a pas été simple de diagnostiquer ce mal chez la mère de M. Bezeau, qui vivait seule. Deux fois, celle-ci a mis le feu à son appartement. Plusieurs fois par semaine, ses enfants la retrouvaient étendue dans ses déjections. Les ambulanciers se rendaient sur place pour offrir les soins, mais ils n’avaient pas la légitimité de l’emmener avec eux. C’est au médecin de famille que revient ce droit. Ce n’est que l’an dernier que Patick Bezeau a convaincu sa mère d’aller à l’hôpital. « À partir de là, tout a débloqué », convient-il. C’est à partir de ce moment qu’elle a été prise en charge par le réseau de santé.

« C’est ce qu’il y a de plus bouleversant. » – Patrick Bezeau

Aide médicale à mourir

Le ministre Christian Dubé a déposé le projet de loi 38 « modifiant la Loi concernant les soins de fin de vie et d’autres dispositions législatives ». Celui-ci prévoit notamment de rendre admissibles aux soins d’aide médicale à mourir et à la demande anticipée les personnes affligées par des maladies incurables comme l’Alzheimer.

La Fédération québécoise des sociétés Alzheimer (FQSA) dit au journal qu’elle accueille favorablement le projet de loi 38. La FQSA a d’ailleurs été consultée pour émettre ses recommandations sur le projet de loi.

Depuis qu’elle est en CHSLD, la situation de la mère de M. Bezeau s’est stabilisée, voire améliorée. Des moments de lucidité surviennent. En alternance avec sa sœur, il passe la voir toutes les deux semaines. « Des fois, je ne reste pas longtemps. Ça ne vaut pas la peine, car c’est difficile d’avoir une discussion avec, alors que d’autres fois, elle est de bonne humeur », nuance-t-il. Dans ses moments de lucidité, elle réalise en partie ce qu’elle vit tout en demeurant dans son monde. « J’embarque dans ses histoires. Comme là, elle se cherche un logement, car elle trouve ça petit où elle est », témoigne le fils, qui préfère parfois accepter la situation en riant avec résilience.

Pour ou contre?

« Moi, je serais pour », répond M. Bezeau devant le projet de loi. Il a eu cette discussion avec sa sœur par le passé. « Je sentais ma mère encore heureuse. Je préférais attendre », rapporte-t-il. Toutefois, advenant une dégénérescence accrue, il soutient qu’il opterait pour l’aide à mourir. Il ajoute que c’est aussi ce que voudrait sa mère.

Génétique

Patrick Bezeau a également deux tantes ayant été happées par cette maladie neurodégénérative. L’une d’entre elles y a succombé. « Je m’en attends. Déjà que je n’ai pas la mémoire forte en partant », termine-t-il quant au sort éventuel que lui réserve l’avenir.

Pour une troisième édition, Patrick Bezeau mettra en œuvre son pizzathon, qui se déroule au camping de Sainte-Angèle-de-Monnoir. L’argent amassé en retour des pizzas qu’il confectionne sur place sert à aider les gens souffrant d’Alzheimer. Chronologiquement, il a amassé plus de 2 400 $ et plus de 3 000 $ lors des deux premières éditions.